Nous avons choisi de mettre en avant en ce mois de mai, Mme Colin Carmen. Depuis 2015 (date de sa création), Mme Colin travaille à Poilley dans l’entreprise « Lou Légumes ». Elle est la seule habitante de Landivy et de la Mayenne à travailler sur ce site. C’était tout naturel de la rencontrer pour qu’elle nous fasse partager son parcours et son vécu dans l’entreprise.

Quel a été votre parcours professionnel avant votre embauche à Poilley ?

Tout d’abord, j’ai élevé mes trois enfants. Puis, j’ai enchaîné de nombreux emplois (Monbana, Gontier, Alliora, etc) en intérim ou j’avais des petits contrats. J’ai touché à tout, j’ai aussi travaillé dans une maison de retraite. J’aime travailler, c’est ma force. Et puis est venue l’opportunité de travailler chez Lou légumes. Quand j’ai vu cette annonce, je me suis dit, c’est la possibilité d’avoir un emploi stable (CDI) et de mettre fin au contrat intérimaire.

Comment s’est déroulé votre recrutement ?

J’ai fait des tests avec Pôle Emploi. J’ai trouvé cela assez difficile mais j’ai réussi à passer cette étape. Ensuite, j’ai eu un entretien d’embauche, j’étais très stressée. La personne (Benoit) qui m’a reçue m’a mis en confiance et j’ai réussi ce passage aussi. Ça été une grande fierté pour moi, c’était la première fois que je signais un CDI. J’étais désormais embauchée chez Lou Légumes en tant que cueilleuse.

Comment se sont passés les premiers mois ?

J’ai d’abord eu une formation d’environ 4 mois, il y avait plein de choses à savoir (de la culture au conditionnement). La formation débute par la connaissance de la culture des champignons. J’étais comme à l’école. Ensuite, je suis allée très vite dans les chambres de culture pour apprendre comment un champignon pousse, comment un champignon doit être cueilli et à quel moment. Après la formation, je suis devenue officiellement cueilleuse. J’ai eu un moment d’adaptation car je trouvais cela difficile et Fabrice, mon responsable m’a rattrapé et m’a dit : « il faut t’accrocher ». Comme dans de nombreuses activités, les débuts ne sont pas toujours faciles et puis après si on a envie, on y arrive. Aujourd’hui, je le remercie car c’est une fierté de travailler dans cette entreprise.

Quelles sont les compétences à avoir pour cueillir les champignons ?

Pour y travailler, il n’y a pas besoin de diplôme, il faut surtout avoir envie de travailler. Pour cueillir les champignons, il faut être manuel, avoir de la dextérité, être minutieux et être très concentré à son travail. Le champignon est délicat, il faut le respecter. La difficulté du travail du cueilleur est de cueillir le champignon quand il est prêt, afin de respecter un certain calibre. Il faut avoir « l’amour du champignon ».

Comment faites-vous pour répondre au mieux à cette tâche ?

Je suis quelqu’un qui aime le beau travail. Je me mets à la place du client et donc il faut lui donner envie de prendre une barquette, je ne veux pas le décevoir. Il faut savoir allier qualité et quantité, c’est-à-dire cueillir précisément mais aussi rapidement, le rendement est important, il ne faut pas perdre de temps.

Quel est l’élément qui conditionne vos emplois du temps ?

Les champignons vivent, il faut donc du personnel chaque jour pour les cueillir. Nous travaillons en 2 x 8. On peut être soit du matin, soit de l’après-midi. En ce moment, je suis dans l’équipe du matin, je commence à 5h30 et je finis à 13h00. J’ai une pause de 30 minutes entre 9h et 9h30. L’autre équipe débute à 13h30 et termine son travail à 21h00 (pause de 17h à 17h30). Nous avons 2 jours de repos par semaine et nous travaillons soit le samedi ou le dimanche. Et parfois même si nécessaire le samedi et le dimanche !

Est-ce que parfois vos horaires sont modifiés ?

Oui souvent car c’est le champignon qui décide chez LOU. On fait des heures supplémentaires. Je trouve cela normal car le champignon n’attend pas, il faut le cueillir quand il est prêt. Parfois, il faut faire des concessions. Et puis, dans l’autre sens, quand nous avons besoin de certains jours de repos, nos patrons nous arrangent et peuvent bloquer ces jours. On est flexibles et la direction est aussi flexible, c’est donnant – donnant.

Est-ce un choix de travailler le matin ?

Non, c’est selon les besoins encore une fois de la cueille. Moi je préfère travailler le matin donc je le mets dans mes préférences mais parfois il faut quand même travailler l’après-midi. En plus, je trouve que le champignon se ramasse à la fraîche.

Pouvez-vous me décrire rapidement votre univers de travail ?

Je travaille à la cueille des champignons dans des chambres de pousse dans l’obscurité, éclairées par des néons. En règle générale, les salariés travaillent en hauteur et en bas. Moi, je préfère travailler en bas alors que beaucoup préfèrent être sur chariots en hauteur. J’utilise un chariot où je mets mon matériel pour cueillir les champignons et pour les conditionner. A propos de ce chariot, j’ai le même depuis le début. Certains l’ont changé puisqu’il y a eu des améliorations mais moi, je n’ai pas envie de m’en séparer. Je pense même qu’il me manquera quand je serai en retraite. C’est mon compagnon de travail. (rires)

Le travail se fait au calme, c’est la condition pour être bien concentré, c’est une chose que j’apprécie dans mon travail.

Que répondez-vous aux personnes qui vous disent qu’il y a des salariés de plusieurs nationalités ?

Ce n’est pas un problème pour moi. C’est vrai, je travaille avec des salariés de différentes nationalités. Je trouve que c’est enrichissant de découvrir la culture d’autres personnes et j’ai fait de belles rencontres. Notre entreprise est le reflet de la France : multi-culturelle, c’est une richesse de notre pays !

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris que Lou Légumes allait venir s’installer sur Landivy ?

Le fait que l’entreprise arrive à Landivy, c’est une forme de récompense pour moi, c’est un cadeau que mes employeurs me font. La vie ne m’a pas toujours souri, j’ai vécu de nombreux moments difficiles. C’est pour cela qu’il faut s’accrocher et se battre dans la vie car il y a aussi de belles choses qui vous arrivent.

Quelles sont vos passions dans la vie ?

Ma principale passion est la lecture, je lis de nombreux romans et magazines.

Avec mon mari, on a un autre loisirs, c’est de partir en vacances en camping-car. C’est un camping car très simple, mais quelle joie de partir en vacances dans notre maison roulante. Je sais pourquoi je travaille.

Pour finir notre entretien, est-ce que vous avez des petites choses à dire aux personnes qui se posent encore des questions sur la possibilité d’aller travailler ou non dans l’entreprise de Lou Légumes ?

Pour travailler dans une champignonnière, il faut avoir « l’amour du champignon ». C’est un

produit que nous prélevons sur un lit de culture et qui finit dans une barquette. Si le produit est de qualité, le client a envie de l’acheter. C’est donc un savoir-faire et c’est une vraie fierté de travailler au contact de ce produit. Ensuite, il faut avoir envie de travailler. Celui qui a envie peut réussir. Il faut s’accrocher, faire des concessions mais cela en vaut la peine.

Et surtout, nous avons des dirigeants qui sont sympas et à notre écoute. Je ne les remercierai jamais assez de la chance qu’ils m’ont donné de travailler dans une champignonnière.

Enfin, si comme moi, vous avez eu des difficultés à trouver un emploi stable ou si vous souhaitez un CDI, alors foncez, venez travailler à la champignonnière de Landivy.

Je remercie Mme Carmen Colin de m’avoir accordé cet entretien. Tout au long de celui-ci, j’ai pu voir à quel point Carmen était enthousiaste et aimait son métier. Elle en parle avec passion et avec beaucoup d’émotion.

Thierry Bazille